Présentation

L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, créée par l’arrêté du 21 mars 1970 portant désignation des universités de l’Académie de Paris, est l’héritière de certaines collections universitaires rassemblées à l’Institut d’art et d’archéologie et, avant cela, en Sorbonne. C’est le cas en particulier d’une collection d’antiquités grecques conservée depuis 1968 dans le bureau d’archéologie grecque de Paris 1. Le projet de recherche AGIAs vise à reprendre l’étude scientifique de cette collection, tout en œuvrant à sa mise en valeur patrimoniale et pédagogique au sein de l’Université Paris 1.

L’organisation de la nouvelle Sorbonne, construite de 1884 à 1901 par Henri-Paul Nénot, permet l’aménagement d’un musée d’objets anciens et de moulages au rez-de-chaussée du bâtiment. La chaire d’archéologie, dont le premier détenteur fut Georges Perrot, est créée en Sorbonne dès 1876, mais c’est surtout son suppléant et successeur, Maxime Collignon qui s’occupe à partir de 1883 de réunir les fonds et les pièces nécessaires pour la constitution d’une collection et son installation en Sorbonne. Fondée sur le modèle allemand, la constitution d’une collection de moulages, mais aussi de quelques originaux et d’une collection de photographies, participe alors d’une redéfinition de l’enseignement de l’archéologie et de l’histoire de l’art antiques, à travers la connaissance des testimonia. C’est ainsi que Maxime Collignon et son successeur, Gustave Fougères, rassemblent une petite collection d’antiquités qui comprend tant des vases que des figurines en terre cuite et des fragments d’architecture.

Avec l’achèvement de l’Institut d’art et d’archéologie, construit par l’architecte Paul Bigot entre 1924 et 1931, ces collections sont bientôt déménagées rue Michelet, où elles trouvent un nouvel écrin et davantage d’espace, au service des quelques étudiants et professeurs pour lesquels l’Institut est créé. Dès 1933, la nouvelle installation est en place : le 3e étage tout entier est réservé aux collections d’art grec, qui mêlent moulages, photographies et originaux.

Les événements de mai 1968 et leurs conséquences dans la structure de l’Université de Paris marquent néanmoins un divorce entre les collections d’originaux et de moulages et leur vocation pédagogique. Des actes de vandalisme sont perpétrés contre de nombreux moulages en plâtre, révélant l’évident manque de sécurité des pièces dans l’ensemble du bâtiment, tandis que les pièces originales – en particulier la collection d’antiquités grecques – sont retirées des vitrines. Les vases grecs et figurines en terre cuite sont alors emballés à la hâte dans des coupures de presse et des tracs de l’époque et mis en sécurité dans le bureau d’archéologie grecque, qu’ils ne quitteront plus. L’éclatement de l’Université de Paris en treize antennes parisiennes et le partage de l’Institut d’art et d’archéologie entre deux nouvelles universités (Paris 1 et Paris 4), l’augmentation considérable du nombre d’étudiants et (dans une moindre mesure) des enseignants, le manque de place manifeste sont autant de facteurs qui conduisent à l’abandon et à l’oubli de ce patrimoine universitaire dans un bureau affecté à l’Université Paris 1.

Composée d’environ 300 pièces originales, la collection d’antiquités grecques de l’Institut d’art et d’archéologie offre un éventail tout à fait représentatif de la plupart des productions antiques, ce qui en fait un outil pédagogique tout à fait remarquable. Le programme AGIAs prévoit la (re)valorisation scientifique et pédagogique de ce patrimoine universitaire constitué en Sorbonne il y a un siècle.

L’objectif du programme de recherche est de mener à bien l’étude scientifique de cette collection afin, d’une part, de la mettre définitivement à l’abri de toute nouvelle dégradation et, d’autre part, de lui rendre sa vocation pédagogique initiale en permettant son utilisation dans les séminaires de master. La première étape consistera à réaliser un inventaire de la collection sous une forme informatique au moyen d’une base de données mise en ligne sur le serveur Huma-num. L’étude globale des pièces composant la collection d’antiquités grecques, pour la plupart inédites et non dénuées d’un certain intérêt scientifique, sera menée dans les années à venir en relation avec les séminaires de spécialité de master. Parallèlement, une réflexion sur le statut juridique actuel de la collection permettra de procéder aux interventions envisageables, tout en garantissant sa pérennité. Ce statut dépend en partie du parcours spécifique de chaque pièce, mais aussi de l’histoire de la collection dans son ensemble. Enfin, avant leur mise à disposition pédagogique, les pièces devront être nettoyées, restaurées et conditionnées. Associée à une campagne photographique des pièces après restauration, cette étude permettra la réalisation d’un catalogue complet de la collection, qui fera l’objet d’une publication, associée à une exposition temporaire en Sorbonne, avant que les pièces ne soient enfin rendues à la pédagogie universitaire.

Le programme AGIAs a reçu le soutien de la Commission recherche du Conseil académique de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.